Le temps de prendre son temps

Publié le par François Ihuel

 

Ce qui est précieux, ce n'est pas de courir

après le temps, c'est de le prendre.

 

Le temps de prendre son temps

Alexandre le bienheureux.

Un film avec Philippe Noiret, un de mes acteurs préférés, et Jean Carmet lui aussi un de mes acteurs préférés, ces gens qui ne se prenaient pas la tête et qui, surtout, ont fait rêver pas mal de monde, loin des films policiers, des tueries, des polars douteux où finalement c'est toujours la même chose.

J'aime bien quand Philippe Noiret dit à son chien "il faut prendre le temps de prendre son temps", c'est ma philosophie.

Ces films, comme ceux d'autres d'autres réalisateurs, Un Indien dans la ville par exemple, et autre sans aucun meurtre, ni violence, ni racisme, tout comme Intouchable avec Omar Sy - avant qu'il ne bascule dans la politique raciale -, et bien d'autres encore, sont une réelle distraction ; un film on le choisi, on ne le subit pas à la télé - que je n'ai pas volontairement et j'en suis fort aise - parce qu'il n'y a rien d'autre mais c'est un choix personnel fonction de l'individu, je suis en principe non-violent sauf si j'y suis acculé.

Aussi, de ces films, je prends le temps de les regarder, je choisis parmi les quelques 364 DVD que j'ai achetés et au besoin sur NETFLIX "chaine" à laquelle un de mes fils m'a abonné, puisque je refuse de payer en plus ce qu'on achète déjà.

Le temps, si précieux pour certains, est ce qui est disponible en permanence et gratuitement, je le gaspille à l'utiliser sans modération, c'est-à-dire que je ne me soucie pas de savoir si j'aurai le temps de tout faire de ce qui serait prévu, je ne prévois pas sauf si c'est au boulot parce que là c'est différent, par définition j'effectue les obligations courantes en tout début de journée, lève-tôt je préfère faire mes courses dès l'ouverture que de subir l'attente aux caisses d'une grande surface ou la queue chez un petit commerçant, pour ceux chez qui je vais encore, j'ai déjà expliqué le problème urbain de l'accès aux petits commerces et les raisons qui me font en ignorer d'autres.

Quand j'allais au restaurant, avant la guerre macroniste - ce qui n'est plus le cas depuis qu'on a divisé la population en catégories, les suceurs, les adulateurs, les complaisants, les indifférents, les proscrits et ceux qui sont dangereux de ne rien avoir de répréhensible sauf refuser se plier aux aberrations - je prenais donc le temps de me restaurer ; en principe c'était un petit plaisir que je m'offrais une fois par mois, avant que le chef de l'État ne divise son peuple, dans un bon établissement local et sans regarder à la dépense.

Là je prenais mon temps, un repas c'est d'abord une détente, pas un casse-dalle en dix minutes devant la télé sauf quand hélas on n'a pas le choix, et puis se restaurer c'est une obligation vitale, même pour ceux qui n'ont rien à bouffer, aussi bouffer n'est-il que se remplir l'estomac, manger c'est tout autre chose.

Mais il n'y a pas que la bouffe, il y a aussi le reste qui demande à ce qu'on prenne son temps ; tiens, la baise par exemple, ça n'a l'air de rien comme ça mais une bonne baise ça détend le mental, là aussi - quel que soit la ou le partenaire, partant du principe qu'une relation s'exonère de principe social - il faut prendre son temps, si c'est juste un coup de bite rapide histoire de se purger les noix c'est du bâclé, du gâchis, pas le temps d'apprécier, pas le temps de faire connaissance sauf quand c'est du régulier comme une épouse ou un copain habituel, mais là déjà ça devient une presque obligation - voir mon livre "ADHOMO" tome 6 page 64 à 66 - au point de parfois même devenir une corvée.

C'est pour ça que de changer de liaison de temps en temps ça fait du bien et solidifie un couple, mais cet état d'esprit n'engage que moi, je pars du principe qu'on a tous un jardin secret que personne d'autre n'a le droit de cultiver, même dans les couples les plus solides.

Bien entendu ça ne s'applique qu'aux personnes déjà érudites, chez les plus jeunes c'est encore la branlette libératoire qui, là aussi, demande de l'attention, s'astiquer la tige à la faire fumer en trente seconde à la mode "je vais être en retard au collège" c'est aussi du gâchis, une bonne branlette ça prend du temps, il faut faire des poses avant de larguer la purée pour prendre son pied même si on se pogne à la main, sinon c'est sans plaisir, assimilé à la copulation il faut faire monter les blancs en neige mais en douceur, bien faire murir la coloquinte du manche à couilles avant de lui faire cracher son jus, c'est tout un art la branlette. Pour les filles c'est bien entendu pareil, un solo de mandoline la main dans le jeans c'est du bâclé, il n'y a pas que les garçons qui se tripotent le poireau en classe même si c'est moins discret à cause des protubérances de calbar à éteindre en urgence. (Oui, je sais, je déconne)

Bref, le temps pour être bien c'est ce qui est le mieux.

 

Le temps de prendre son temps

Dans la vie courante.

Et quand j'écris courante c'est à tous les sens du mot ; mes plus de cinquante ans de vie parisienne m'ont permis de constater la frénésie explosive de la vie citadine, je n'y ai pas échappé, je ne compte pas les casse-croutes rapides accompagnés d'un demi de bière le tout avalé en dix minutes ; ni la course effrénée que je devais faire quand je faisais du spectacle afin de ne pas louper mes entractes de cabarets ; ni de courir vers mon navire de guerre, à Brest, quand le train était en retard et qu'il fallait rejoindre l'arsenal si je ne voulais pas être sanctionné de mon retard ; ni de cavaler de La Villette à Vaugirard pour assurer mes services aux abattoirs - qui n'existent plus aujourd'hui - ; ni la frénésie de l'imprimerie quand il fallait que je me dépêche de nettoyer les lames de cylindre de rotatives que la continuité d'impression implique, ou mettre en forme les journaux, à cadence soutenue, en bout de rotatives, à aérer, scinder en deux et placer sur palettes ; ni rouler comme un cinglé en plein Paris pour pouvoir assurer les services de restauration d'entreprise quand je bossais pour la SNECMA ; ni courir le long de mon train quand je les conduisais alors qu'il y avait du retard - chronique - en ligne, à la SNCF comme à la RATP ; ni la course pour aller d'un cabaret à l'autre avec mon car, de nuit en plein Paris, pour assurer la fin du diner-spectacle du Moulin- Rouge avec le début du second de celui du Lido de Paris ; ni de pouvoir livrer tous mes clients le même jour quand j'étais routier ; ni de tenter de satisfaire les clients pressés d'avoir leur marchandise qu'ils prétendent avoir avant même qu'elle ne parte ; et bien d'autres boulots encore. (Pour les détails voir mes livres "ADHOMO", où "Onze métiers - Cent galères" sans excès sexuels)

Alors courir après le temps je connais mais je ne suis pas le seul, en politique et dans le milieu du journalisme c'est encore pire, mais là c'est pour d'autres raisons, dont celle de vouloir en faire plus que le temps disponible ne le permet.

À chaque fois que j'ai eu à faire à un personnage politique - en dehors des parties fines dans leur intimité (mes livres "ADHOMO") - il n'avait jamais le temps - sauf peut-être quand Charles Pasqua - alors ministre de l'intérieur - m'a invité à un diner à Dijon en 1994 et qu'on a pris le temps de discuter, ce qui est rare pour un homme politique de cette importance - aucun n'a jamais le temps d'entendre, alors pour ce qui est d'écouter on n'y pense même pas. Bien entendu par politesse il fait semblant, acquiesçant de la tête histoire de faire semblant de suivre, en regardant sa montre toutes les trois minutes pour finalement nous dire qu'il a un autre rendez-vous, que ce fut une conversation passionnante même s'il n'a pas dit un mot, bref, pas le temps de prendre le temps qu'ils n'ont pas, ces gens sous pression.

D'ailleurs ça se voit tous les jours, les visites aux pas de courses, les entretiens à l'arrache et sur le fil. Mais le pire ce sont les journalistes, du moins ceux que je vois, jamais le temps d'approfondir un sujet, pour ça il y a la rédaction derrière, toujours à compter les secondes pour ne pas dépasser le temps imparti, surtout à la télé, je vois ça parfois sur Internet quand je vais chercher une info avec Bourdin, c'est fou ce que ces gens sont pressés, même pas le temps d'être polis, coupant la paroles en permanence puisque le chronomètre tourne, il y a des urgences à caser sur la journée, surtout les "PUB" qui rapportent, les invités politiques eux ne rapportant rien d'autre que de l'audience pour faire avaler le plus de "PUB" possible aux friands inconditionnels des débats.

Essayez de suivre un journaliste en mission, c'est impossible, ça cavale, ça court, après le temps, après le train, après l'avion, après tout ce qui court aussi comme les hommes - et femmes - politiques, ces gens courent, les uns pour rattraper ceux qui courent pour justement les éviter, c'est presque guignol d'ailleurs. C'est peut-être l'origine du mot "presse".

Même localement, comment avoir un entretien sérieux avec un élu qui n'a jamais le temps, un emploi du temps explosif, je me demande même s'ils prennent le temps d'aller pisser ou s'ils mettent des "Pampers" afin de gagner encore du temps sur le temps.

Alors comme moi je prends le temps de passer le temps à regarder passer le temps qui passe, forcément le temps que je passe à le regarder passer ne laisse plus le temps à ceux qui n'ont pas le temps de prendre le temps de voir passer le temps que je passe à attendre que le temps passe.  

On n'est pas dans la merde avec tout ça.

Comment faire comprendre à un élu qu'on a détecté un problème avec tous les problèmes qu'il doit gérer sans avoir le temps de le faire, la bousculade des informations, diverses et hétéroclites, lui enlève la faculté de prendre le temps d'étudier les problèmes un par un, alors il délègue des collaborateurs pour le faire à sa place, collaborateurs également pris par le temps et se retrouvant dans la même situation mais ça permet au donneur d'ordre de se dédouaner des responsabilités des directives qu'il délègue, comme ça, officiellement, il est écarté des responsabilités qui génèreraient des problèmes, les tribunaux débordent de ces conneries officielles incessantes de ceux qui sont responsables mais pas coupables. 

D'ailleurs les magistrats aussi sont pris par le temps, pour un justiciable c'est impressionnant une audience, quand on est dans la salle bien entendu, face à ces Juges qui sont si solennels, dans leurs habits l'ambiance est prenante ; pourtant ces mêmes Juges sont eux aussi au charbon, surtout quand le greffier - ou la greffière - s'annonce avec un tas de dossiers impressionnant, fonction de la hauteur de la pile ils savent que ça va durer longtemps, même si beaucoup d'affaires sont renvoyées sin-die pour diverses causes, pas toutes justifiées d'ailleurs. Là aussi le temps manque aux magistrats et eux aussi sont sous pression, d'autant que les audiences sont les moment qui leur prennent le moins de temps, derrière le travail est colossal. J'ai connu personnellement un magistrat qui m'a un peu révélé tout ça dans un moment de complicité, il faut connaitre des diverses contraintes des diverses corporations qui, pour certaines, laisserait supposer que c'est un petit travail tranquille.

Le planning d'un élu c'est quelque-chose de dantesque, faire en une douzaine d'heures ce qui demande une semaine, on peut comprendre que certains vieillissent à grande vitesse, regardez la plupart des élus, au bout de leur mandat de cinq ou six ans il en ont pris vingt, fatigués de manque de sommeil, de tracas divers et de courses contre le temps, parce qu'il faut tout de même savoir qu'un élu ce ne sont pas trente cinq heures par semaine, d'ailleurs ils n'ont pas d'horaire, pas de vie réellement paisible mais c'est un choix, en fin de compte, pour pas mal d'entre-eux d'avoir sacrifié leur loisirs, leur santé et leur temps de repos c'est un grand risque surtout quand on voit que le résultat, au final, est plutôt mitigé, voir négligeable quand ce n'est pas franchement nul, passer du temps à s'autodétruire pour rien ça fout les boules.

Alors de faire la course après le temps pour tenter d'en avoir sans en disposer la plupart négligent, délèguent, ou s'en fichent pour certains, oubliant même la raison pour laquelle ils ont été élu en en cherchant une pour se faire réélire avec un bilan mitigé, voir minable.

Ce n'est pourtant pas faute d'avoir des élus, il est réel que certains sont parfaitement inutiles mais il faut aussi que du haut on délègue la merde à d'autres, subalternes et subventionnés, pour le faire, en fait être élu c'est ne pas pouvoir accomplir les tâches qui sont à exécuter mais comme c'est bien payé le sacrifice n'est pas inutile, raison pour laquelle une partie majoritaire d'élus n'y va que pour le fric, une partie non négligeable étant totalement incompétente dans le domaine où on les a casé. 

Et puis on les oublie vite et c'est tant mieux, beaucoup ne laissent pas de bons souvenirs et il est préférable d'aduler un scientifique qu'un politique, le premier étant très nettement plus respectable que le second, la politique ça ne se respecte pas, ça se subit.

Mais les administrés aussi subissent.

 

Le temps de prendre son temps
Le temps de prendre son temps
Le temps de prendre son temps

Je viens d'y aller exprès.

Pour une fois j'ai ciblé mes trois photos, il faut dire que c'est incontournable, pour qui y prête attention bien entendu, pas pour les élus pressés qui ne voient que ce qu'ils ont envie de voir, c'est-à-dire pas grand-chose d'autres que ce qui est de leur intérêt.

Ce lieu, dont je fais état depuis plus de six mois, est un des problèmes qui n'entrent pas en ligne de compte d'un élu, pour lui ça n'existe pas puisqu'il n'est pas concerné, il n'y passe jamais et comme il ne prend jamais le bus non plus pas de risque de découvrir les navrances municipales. 

Je vais donc solliciter FR3 Provence pour faire un petit passage dans le coin, il doit bien y avoir un de leurs correspondants qui habite pas loin et qui soit en mesure de constater que dans une ville de 12 000 habitants les priorités n'incluent pas la propreté et l'ordre.

Dommage que nos élus ne prennent pas le temps.

J'espère que mes conneries du jour vous amuseront un peu, les conneries des élus étant nettement moins amusantes, et puis pour mes détracteurs habituels ça va leur apporter un peu de matière à me critiquer, j'adore ça.

Bonne journée à tous et à très bientôt pour autre-chose.

 

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