Extraits

Publié le par François Ihuel

 

De mon livre ADHOMO tome 14 qui vient de paraitre.

 

Extraits

Page 191 du livre.

.../ Après que j'eus sommairement développé ce que je suis il me dit «tu as fait le trottoir ?»Oui, le trottoir, les boites de cul, les spectacles hards et surtout les parties fines dans des appartements de luxe avec des gens haut placés. Ça l'intéresse et il m'invite à continuer par un «raconte». Alors je me lâche et raconte, je lui parle de Didier, de ma vie de folie, de débauche et de luxe, puis ma double vie de paumé et de clochard, je lui explique les deux faces qui ont fait que j'ai été artiste exubérant, alcoolique et prostitué, partageant mes nuits avec du tout-venant, à faire la java jusqu'à point d'heure d'un côté puis jouer l'enfant paumé, crade, casse-couilles et bagarreur rejeté de ma famille de l'autre, que j'ai trouvé mon équilibre dans ce double jeu, que ça me plait et que ça m'a forgé un caractère exceptionnel. /...

Page 192 du livre.

.../ Puis je me tais, il me regarde, il me dit «putain, tu as une vie comme j'aurais aimé avoir», ce à quoi je lui réponds que c'est une vie de cinglé, dangereuse, ça n'aboutit à rien d'autre que de tomber trop vite un jour ou l'autre, alcoolique chronique, traine-lattes sans but, j'ai la chance d'avoir une force de caractère qui m'a permis de relever la tête, sinon je serais aujourd'hui comme les travelos des cabarets bas de gamme, à me grimer tous les soirs pour quelques billets tout juste suffisant à payer le loyer et ne pas sombrer. Peu en tirent gloire de cette vie de merde, la chanson d'Aznavour "Comme ils disent" nous va si bien à nous, les gars qui sombrons de n'avoir connu que ça sans apprendre autre chose, exploités par des caïds dont on dépend pour rester dans le milieu des cabarets, n'avoir d'autres choix que de s'en contenter, jusqu'à ce que l'âge nous rejette à la rue, quand le physique est détruit, que les dents sont tombées d'excès de tabac, de drogue et d'alcool, que les varices dues aux excès nous obligent à mettre des bas de contention, que le bide déborde d'un pantalon trop serré, les pieds tout le temps en feu d'avoir chaussé n'importe quoi durant des années, les cheveux éteints et déjà clairsemés, la peau détruite des fards, des crèmes, étalés tous les soirs pour être ôtés tous les matins, quand on peut encore se démaquiller, certaines fins de nuit l'ivresse fait qu'on s'écroule sur le lit, avec fringues de spectacle et maquillage, ce qui donne au réveil une tête de fantôme, échoué comme une épave qu'on est devenu, c'est là qu'on réalise sa condition qu'on s'interroge sur ce qu'on est devenu, et surtout sur ce qu'on va devenir. On ne dépasse pas la cinquantaine, la mort est une délivrance, ou un recommencement. /...

 

En vente aux éditions Saint-Honoré et sur les sites ALMAZON, FNAC et autres décrits sur le site de l'éditeur.

https://www.editions-saint-honore.com/produit/adhomo-tome-14-mes-boulots-1982-1983-de-la-route-au-fer/

(Copiez-collez le lien dans votre navigateur)

Bonne lecture.

 

Publié dans Livres, Vie privée

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article