Ça déraille le virus
Décidément cette pandémie sert plus
d'intérêts qu'elle ne cause de dommages.
Train de nuit Paris - Briançon (Photo Alpes 1 Internet)
Un coup on le garde, un coup on le remet en question.
Le serpent de mer de la région c'est le sujet hautement sensible qui ressurgit chaque fois qu'un problème, même mineur, vient égayer l'actualité locale.
Pour la SNCF, qui ne fait plus du service public mais du commercial, c'est un gros poids.
Pour la région c'est un poids électoral.
Pour la ville de briançon aussi mais c'est aussi un des poumons touristiques, s'il est vrai qu'il ne fait pas le plein tous les jours, comme une quantité non négligeable de trains à travers toute la France, il amène beaucoup de touristes qui ne veulent pas s'emmerder par la route, cette liaison est indéniablement indispensable pour nos vallées, il n'y a pas que Briançon qui en bénéficie, les gares de Gap, Embrun, Mont-Dauphin et l'Argentière-la-Bessée sont d'une grande importance pour toutes les stations de sport d'hiver et tous les lieux de vacances d'été des citadins venant profiter de nos montagnes.
Économiquement c'est le lien indispensable pour un bassin de 140 000 habitants, hors touristes, et qui relie les grandes villes à notre région, la SNCF, mise à mal comme pratiquement tous les secteurs économiques de France, semble se satisfaire d'un point de détail lié au virus pour en faire un problème majeur.
Crise d'urticaire.
Tout le monde sait qu'un élément médiatisé ayant pour source le Rassemblement National donne des boutons aux épidermiques politiques, à tel point que la mise à l'écart systématique des éléments de ce parti leur est devenu un réflexe d'autodéfense puisque la vérité n'est jamais bonne à entendre.
Toutefois un citoyen, quel qu'il soit, et quelle que soit sa couleur politique, est un électeur doublé d'un contribuable, il n'y a pas de couleur politique pour exercer un métier, être artisan ou tenir un commerce, ce détail est pourtant négligé par les détracteurs qui semblent ne fonctionner que pour les gens qui les caressent dans le bon sens.
C'est pourquoi il n'est pas facile pour un député, devenu volatile depuis les dernières élections présidentielle, de ménager la chèvre et le chou, on ne sait plus trop bien pour quel cavalier il est l'écuyer et qui il sert, une cause, un haut élu ou des administrés ; en fait il est probable qu'il caresse les administrés le temps d'une élection pour aduler le cavalier de son choix qui fait l'inverse de ce qu'attendent les administrés, il est vrai qu'une fois élu on fait ce qu'on veut. Peu enclin à entendre, comme la majorité des élus, il pourrait paraitre combatif tout en laissant glisser les choses.
Les conditions sanitaires dans le train de nuit, qui seraient le motif de sa suppression pour le moment provisoire, ça fait désordre quand on voit le bordel des trains de banlieues bondés défiant ainsi toutes les garanties dite sanitaires qu'il serait impossible à appliquer d'un côté pour le justifier d'un autre.
Et puis il faudrait savoir si ce train n'est pas rentable à cause du peu de voyageurs ou s'ils sont tellement nombreux qu'on ne peut les rassembler dans dix voitures compartimentées. Déjà je m'étais élevé contre la fable des travaux à la gare de Paris-Austerlitz qui empêchaient le même train de nuit de rouler, pour qui connait les gares parisiennes ce sont des milliers de trains chaque jour qui en partent et qui y parviennent, sauf le train de nuit.
Bref, la SNCF veut depuis deux décennies maintenant supprimer les relations ferroviaires vers les Hautes-Alpes pour les remplacer par des autocars, elle table sur la concurrence afin de "vendre" cette ligne à cette concurrence, raison des travaux d'importance entrepris par Réseau ferré de France, pour vendre il faut que ce soit en état.
Si tous les haut-alpins se solidarisent pour la maintenance de cette ligne ferroviaire elle sera sauvée, dans le cas contraire il ne restera plus que les autocars qui ne suffiront pas à compenser ; pour qui connait un voyage en train et le même en car c'est une différence de taille, qui plus est les aléas climatiques sont déterminants, vu l'état des routes du département, vu les problèmes générés par la traversées des villes, surtout la Roche de Rame, on va se retrouver avec des liaisons Paris-Gap-Briançon qui vont durer entre douze et quinze heures de route, quand tout va bien, et ce à 80 km/h maximum dès Valence, vue la géographie accidentée de nos montagnes le défit est de taille à être plus souvent à 45 km/h de moyenne, sans toilettes ni autres commodités offertes dans les trains comme se déplacer librement sans ceinture de sécurité, puisque qu'il est interdit de se détacher dans les autocars.
Dans un train on met entre six cent et mille voyageurs fonction de la composition du train, avec bagages, gosses et autres, ce qui représente entre douze et vingt autocars qu'il faut spacieux et possédant des coffres d'importance, voire des remorques pour l'hiver avec les bagages conséquents et les skis ; puis entre vingt quatre et quarante chauffeurs à cause des temps de conduite imposés par la législation des transports, pour une consommation de gasoil entre trois mille et cinq mille litres pour un trajet simple, je ne suis pas sûr que l'impact environnemental en bénéficie, sans compter les risques potentiels d'accident bien plus élevés en car qu'en train. Le coût de l'affrètement pour la SNCF devient exorbitant, pour une entreprise déjà en difficulté et sous perfusion financière d'État je ne suis pas persuadé que ce soit non plus un bien.
Le train de nuit c'est une question de survie économique, le paradoxe c'est de bétonner les vallées pour accueillir des touristes qui ne seront plus en capacité de venir en nombre, cet anachronisme semble échapper à la direction de la SNCF, ou plutôt à l'État puisque c'est ce dernier qui tire les ficelles.
Nos élus étant des représentants de l'État, du moins dans la logique, ne se montrent pas trop virulents pour défendre la cause du train de nuit.
Le coronavirus semble rendre pas mal de service, jusqu'à faire dérailler les trains pour saborder l'économie locale, il y en a peut-être que ça arrange.
Je ne sais pas ce qu'en pense Mr Giraud, il est pour ou il est contre ? Il est vrai que de passer d'un statut politique radical de gauche à celui de lécheur de bottes du LREM ça interroge sur sa stabilité politique.
On en a d'ailleurs d'autres chez nous, on y reviendra pour le second tour des élections municipales.
Bon après-midi à tous.