L'humanitaire sélectif de Briançon (Suite)

Publié le par francois.ihuel15.over-blog.fr

Ce qui est sauvable. (Cliquez sur l'image pour voir la vidéo)

 

37 ans, même pas le milieu d'une vie normale, pas de boulot, plus de domicile, pas d'assistance mais des besoins, un besoin surtout, celui de s'en sortir vite.

 

Cet homme est à la limite du basculement, ça s'entend dans ses propos et ça se voit dans son regard, c'est celui qui est couché à même le trottoir sur ma page d'hier, si on ne l'aide pas rapidement à s'en sortir il n'ira pas loin.

 

J'en ai tellement connu de ces gars qui passent la limite du non-retour, ce sont les plus fragiles, ceux qui renoncent à lutter, il suffirait pourtant de si peu de chose.

 

Mais il n'est pas trop tard, il n'est pas encore vraiment abimé par l'alcool ni par les maladies mais psychologiquement très fragile, un suicidaire potentiel, sa "proprio" l'a "viré" récemment et il en est déjà là.

 

Il a de l'expérience dans au moins deux métiers, des métiers où on embauche encore, comme il le dit il a déposé des CV mais un employeur est toujours réticent à avoir du personnel sans domicile ne pouvant pas s'entretenir corporellement et vestimentairement, "on vous téléphonera" !   Il n'a pas de téléphone.

 

La personne dont il parle, de la municipalité, est certainement habilité à l'aider comme elle semblerait s'y employer même si la priorité du maire n'est pas l'assistanat local mais l'assistanat politico-médiatique international, je n'ai pas saisi le nom puisque mal formulé mais en effet il est sauvable pour peu que les autorités concernés s'en donnent la peine.

 

Il a écrit au maire, moi aussi et je sais ce qu'il en est, il n'a aucune chance d'être reçu, donc entendu même si on ne l'écoute pas, comme la plupart de ceux qu'on reçoit pour les entendre, juste les entendre, la préoccupation humanitaire municipale est ailleurs.

 

Je pense aussi que ses actuelles fréquentations de la rue ne l'aident pas mais il n'a pas le choix, il y a des conseils a éviter et surtout des exemples à ne pas suivre.

 

Remis dans un contexte social normal il sera certainement apte à reprendre une vie correcte et à s'éloigner de ce milieu très spécial.

 

Si parmi mes lecteurs quelques-uns ont des idées ou des possibilités pour l'aider il le mérite.

       

Ce qui est difficilement sauvable.  (Cliquez sur l'image pour voir la vidéo)

 

50 ans, battant, presque agressif, un homme orphelin très tôt et qui vient d'ailleurs, il a échoué à Briançon par hasard il y a quinze ans mais y reste par crainte de la ville, je pense qu'il a dû avoir quelques problèmes relationnel dans ce milieu très particulier, ça se comprend dans ses propos mais aussi dans cette sorte de renonciation à revenir vers le réel.

 

Il en veut à tous les employeurs de ne pas "payer" correctement mais accepte paradoxalement de vivre à la rue dans des conditions difficiles en ne percevant que le RSA.

 

Il me dit bénéficier des repas des services sociaux locaux mais se plaint du prix qui lui est demandé, 1 €, même pas le montant de sa cannette ou de son paquet de clopes.

 

Il est victime de son refus du réalisme, on le sens bien quand il s'exprime, il fustige la société parce qu'il n'en n'attend plus rien mais accepte ses dons en ne faisant apparemment pas l'effort de vouloir s'y réintégrer, il semble en équilibre parfait dans sa situation même s'il dort dehors.

 

Il est de ceux qui ne peuvent ou ne veulent plus revenir, de ceux qui ne comptent plus que sur l'assistanat, il a passé la première frontière, celle du retour possible, mais n'a pas encore passé celle de l'abandon de soi, il fustige les migrants (Qui n'y sont pour rien, ils sont aussi les objets de la politique) parce qu'ils sont "dorlotés", du moins pour le moment.

 

Il se "puni" d'être SDF en s'y complaisant, c'est très caractéristique d'une attitude d'abandon imperceptible, même lui ne le réalise pas encore, il ne sait pas que tout le monde s'en fout, des comme lui il y en a des milliers en France, alors il expose sa "détresse" en la masquant par de l'arrogance et de la provocation tout en espérant qu'on y soit sensible, il est encore plus à plaindre que l'autre mais c'est aussi ce qui le conforte, d'être à plaindre.

 

Quand il aura réellement sombré il ne sera plus à plaindre mais il sera trop tard, il sera oublié, un peu ce qu'il cherche et craint sans y croire, il n'attend plus que des subsides financières pour continuer à survivre jusqu'à ce que la maladie ou l'accident l'emporte, mais il est encore solide et en apparente bonne santé, il a encore le temps.

 

Je doute que les efforts sociaux parviennent à le changer, je pense personnellement qu'il est trop tard, il dénonce ce qui lui convient pourtant le mieux.

 

Cependant, ces gens, quelque soient leur parcours et leur choix de vie, ne devraient pas être dehors par ces temps hivernaux, il y a le foyer d'accueil à côté des locaux des services techniques, certains y vont, pas lui.

 

J'ai fait ce petit reportage le matin de bonne heure, le soir trop de cannettes s'invitent dans les débats.

 

Reste-t-il de la place ? Ont-il épuisé le quotas de nuitées ? Je n'en sais rien, je n'ai aucun pouvoir ni aucun droit pour m'en occuper mais je lance un appel à la municipalité pour qu'elle se penche un peu plus sur ces cas.

        

L'humanitaire sélectif de Briançon (Suite)

Il y a les autres.

 

Celui qui est de l'autre côté du banc n'a pas envie de parler, il hésite entre se manifester ou se faire oublier, possible qu'il préfère n'être pas reconnu, ces gens ont de la famille, des anciennes connaissances. Il est méfiant, il a certainement dû être victime de malveillance, sa façon de regarder est éloquente, par contre il est passé de l'autre côté, son mutisme le dessert, il n'a pas quarante ans.

 

Celui qui a le crâne rasé est plus débrouillard, il a son chien et semble avoir un lieu chauffé pour dormir, il est bien nourrit, en bonne santé il boit mais tient encore la "chopine", par contre il est très liant et accepte le dialogue, ces gens m'ont donné l'autorisation de les photographier et de les interroger, je n'aurai rien fait sans leur accord.

 

Il y en a encore un autre dans la gare, il doit avoir plus de soixante ans, apparemment un homme qui avait un bon statut social et qui a sombré il n'y a pas longtemps, il a encore pas mal d'effet personnels dans un grand sac de voyage, il n'a pas encore été dépouillé par d'autres mais refuse la photo et de se confier, je respecte ces gens pour leur pudeur bien qu'elle les desserve aussi.

 

Il est propre et s'entretient, ce qui est un signe de récente déchéance, il ne boit ni ne fume.

 

Tout le monde, à Briançon, connait "l'indien", un jeune gars d'une trentaine d'années qui a sombré très vite au décès de sa mère, il se laisse aussi glisser doucement dans la déchéance, je l'ai connu avec une voiture et un emploi au Club-Med de Villeneuve-la-Salle, il est dans un état pitoyable, il doit dormir au foyer de la ville, je ne lui ai pas posé la question mais il répond toujours à mon bonjour, il est schizophrène et détaché de l'environnement immédiat mais on peut lui parler facilement, il est suffisamment instruit pour lier une conversation intelligente.

 

Il manque de contact mais il est difficile de l'aborder vu l'état sanitaire dans lequel il se trouve, le peu de conversation que j'ai eu avec lui est significative, il ne réalise pas vraiment comment il est, enfermé dans son monde il se fait sa conversation, c'est un homme qui devrait être en établissement spécialisé, par chez les vrais fous mais dans une structure où il pourrait être pris en charge sanitairement, apparemment il est aussi malade alcoolique, ce qui n'engage pas les gens à l'aborder.

 

Cette misère je la connais bien, je pourrai en mettre des pages et des pages mais ça ne servira pas ces gars, je n'ai aucun pouvoir pour les aider et ma retraite ne suffirait pas à leur donner l'obole, et puis donner à un signifie donner à tous, insurmontable pour un particulier.

 

Il est urgent d'ouvrir les yeux des autorités pour leur rappeler que la France c'est aussi cette misère à combattre, quand on constate les sommes pharaoniques dépensées en conneries inutiles à côté de gens qui tendent inutilement la main on se pose la question de ce que veut vraiment dire "social".

 

Pour ce soir j'ai appelé le 115, ils n'ont pas ou plus le réflexe de le faire et comme on supprime les cabines téléphoniques dans les rues c'est encore un point noir de plus pour eux, j'ai insisté pour qu'ils soient pris en charge au moins pour les nuits de grands froid qui sont annoncées, entre moins dix et moins quinze degrés.

 

On va trouver que je dénonce grossièrement l'attitude de la municipalité mais quand on arrive à loger trente personnes (Migrants de Calais) en urgence dans des locaux rénovés, propres, chauffés, disposant de sanitaires et autres commodités en les nourrissant et leur fournissant des lignes téléphoniques portables gratuitement, on ne laisse pas ses "administrés", fussent-il marginaux, dormir dans la rue par des températures fortement négatives.

 

Demain une petite revue de presse.

 

Bonne soirée à tous.

 

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G
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